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Attention, ce témoignage évoque plusieurs sujets sensibles.
Fortement intimidé et menacé de mort, il a cherché de l'aide auprès des défenseurs des Droits de l'Homme et auprès de l'Etat.
Entre le Brésil et la France, Brendo Firmino a passé 11 années dans l'église entre son rôle d'enfant de coeur et le séminaire. A 33 ans aujourd'hui, il a rédigé un livre qui dénonce la vie secrète des prêtres. Devenir prêtre était un rêve d'enfance.
"Je voyais les choses de manière très droite au début. L'Eglise se présente comme une monarchie, mais c'est le règne de l'hypocrisie que j'ai trouvé. Je dis cela car j'ai constaté qu'ils ont une double-vie de manière généralisée".
A l'âge de 10 ans il avait déjà un rôle actif au sein de l'église dans sa ville natale, Capanema. A l'âge de 14 ans, il a intégré le séminaire qu'il a abandonné à l'âge de 21 ans, après avoir vécu comme séminariste dans plusieurs villes, y compris en France. Il a décidé d'écrire un livre pour raconter tout ce qu'il a vu et vécu dans tous ces endroits : A vida secreta dos padres gays (La vie secrète des prêtres gays). Brendo a aussi ajouté des récits d'autres séminaristes dans son livre.
"J'ai écrit ce livre car j'ai voulu toucher à la question taboue qui existe au sein du clergé catholique. Lorsque j'ai écrit ce livre, plusieurs personnes n'ont pas été étonnées, mais je ne comprends pas pourquoi cette hypocrisie demeure si tout le monde sait."
"Aussitôt que les lumières s'éteignent après les prières, une activité gay effrénée prend place. Ceux qui occupaient les chambres seuls, entraient dans les chambres des autres afin d'avoir des relations. Il y avait des chambres de deux personnes, ces personnes maintenaient des relations sexuelles entre elles, c'était commun, très banal."
"Mon livre est un cri à voix haute contre le silence de l'Eglise Catholique dont le clergé est composé majoritairement d'hommes gays.
Lorsque j'ai dit cela, j'ai reçu des menaces de mort, des menaces d'être kidnappé et torturé. J'ai cherché le service public et le défenseur des droits, maintenant je me sens protégé et soulagé de savoir qu'il y a des gens qui m'aident à gérer ces menaces. "
"Un jour, je me suis confessé auprès d'un prêtre au confessionnal. Je lui ai avoué que j'avais commis le péché de masturbation, un péché grave selon la morale de l'Eglise. Au lieu de m'aider, le prêtre m'a demandé des détails. Plus je lui répondais, plus il me demandait d'entrer dans les moindres détails. Il est même allé jusqu'à me demander quels étaient mes fantasmes sexuels, argumentant que cela était nécessaire pour la plénitude du sacrément."
"Lorsque j'étais un jeune séminariste, je devais nettoyer les chambres des prêtres plus âgés. Lorsque je nettoyais la chambre d'un prêtre, ce dernier voulait m'embrasser pendant que je travaillais. Chaque fois que j'entrais dans sa chambre, il allait toujours plus loin. J'avais à la fois peur et j'étais en proie à beaucoup de doutes. ... Après un certain temps, le prêtre a obtenu de moi ce qu'il voulait. Un autre prêtre formateur était témoin de tous ses agissements, mais il n'a rien fait, ils étaient très amis. J'ai compris que l'un couvrait l'hypocrisie de l'autre".
"J'ai essayé de dénoncer ces faits à l'époque, mais personne n'a voulu m'aider. J'ai raconté ce qu'il s'est produit aux supérieurs et à la psychologue du séminaire. Ils me disaient que j'étais gay. Ils m'ont dit que j'étais gay parce que je n'avais pas reçu beaucoup d'amour durant mon enfance. C'était donc moi le problème et pas les prêtres. Je leur ai posé la question :
- Et les prêtres alors ? Ceux-là qui ont des relations sexuelles avec moi ?
Ils me répondaient :
- Tu dois prier pour eux, parce qu'ils sont victimes des tentations de l'ennemi !"
"J'ai eu des relations avec plusieurs personnes de divers niveaux de la hiérarchie de l'église : des frères (en Christ), des prêtres et un évêque.
Concernant l'évêque, il m'a donné un rdv. Il voulait me parler et nous sommes allés dîner en plein centre-ville. Mais, toute sa conversation concernait le sexe. Il m'a conduit dans un motel et il y a eu des moments intimes sans relations sexuelles à proprement parler. Quelques semaines plus tard, l'évêque m'a rappelé et m'a demandé de l'accompagner lors d'un déplacement. Cet évêque était le recteur d'un sanctuaire marial !
Lors de ce voyage, nous nous sommes rendus en plein centre-ville où il y a des jeunes pauvres qui vendent des petites choses et d'autres sur un marché.
Il a demandé à deux garçons de venir avec nous dans notre hôtel. Nous étions là à quatre, moi le séminariste, lui l'évêque et deux jeunes recrutés en plein marché ... A la fin, il a payé les deux garçons et il les a raccompagnés jusqu'à leurs domiciles respectifs."
"Jusqu'à présent, le sexe gay se passait entre nous ou avec des personnes qu'ils emmenaient chez nous.
Puis un soir, deux prêtres m'ont conduit dans une boîte de nuit gay. C'était la première fois que j'ai eu contact avec l'homosexualité séculaire (du monde).
C'est donc l'Eglise qui m'a présenté à l'homosexualité séculaire, les prêtres ont voulu que je sache à quoi ressemble le monde gay là dehors. Nous avons fait la fête dans des boîtes de nuits gays avec l'argent de la dîme des fidèles. C'est vraiment un manque de respect !
Les gens qui donnent le plus ce sont des personnes pauvres, simples. Ces prêtres et ces évêques n'en faisaient aucun cas, cet argent servait à entretenir leur double-vie."
Brendo a dénoncé tous ces faits à l'archidiocèse de Sao Paulo. Ils n'ont pas donné suite. Mais lorsque le livre est sorti, ils ont dû répondre à la presse. Ils ont allégué que Brendo n'avait pas suivi le "protocole de dénonciation". Le diocèse a réaffirmé sa position de protection et son soutien aux mineurs et adultes vulnérables victimes d'abus sexuels.
"Cela fait 12 ans que j'ai quitté le séminaire. Je n'aurais pas pu rester et vivre une vie entière de mensonges. La douleur d'avoir eu son enfance détruite peut prendre un certain temps à guérir, mais une vie entière de mensonges cela n'a pas de remède."