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Il y a longtemps j’ai rencontré un monsieur qui avait 46 ans, j’en avais 20, et nous nous sommes liés d’amitié. Il était très malade, je lui rendais visite de temps à autres et nous passions la journée ensemble et quelques fois je dormais chez lui, car il avait beaucoup d’angoisses la nuit, il avait peur de mourir pendant son sommeil, ce qui était une forte probabilité d’après les médecins.

Il souffrait d’une maladie dégénérative qui paralysait progressivement son corps. Jusqu’à l’âge de 18 ans, il avait une vie normale, il jouait au foot, allait en cours et pratiquait les mêmes activités que tous les jeunes de son âge. Puis à l’âge de 18 ans, il a commencé à sentir des faiblesses musculaires, il s'est mis à marcher à l’aide d’une canne. Quelques années plus tard, il était en fauteuil roulant, puis il était cloué dans un lit roulant.

Je l’ai connu sur internet, à l’époque l’informatique me passionnait, nous avons échangé sur un forum. Il avait un Macbook, il fallait l’aider à faire quelques réglages. Au téléphone j’ai bien senti qu’il respirait fort entre deux mots, mais je ne savais pas qu’il souffrait d’un très lourd handicap. Il m’a demandé de passer chez lui, je n’ai pas hésité.

 

Lorsque je l’ai connu, tout son corps était paralysé, il pouvait encore un peu parler, ses yeux bougeaient mais c’est tout. Il ne pouvait pas tourner la tête, il était prisonnier de son corps. Il parvenait à surfer sur internet avec une sorte de paille adaptée dans laquelle il soufflait pour former des mots, lettre par lettre. Je ne savais pas que cela lui coûtait autant de m’écrire, car nous échangions beaucoup de cette façon avant de nous voir physiquement.

C’est de cette façon, c’est-à-dire depuis son lit, qu’il a validé des formations. C’est depuis son lit avec sa paille, qu’il a ouvert une entreprise avec des ouvriers qui installaient des systèmes d’eau et châteaux d’eau dans des villages alentours. Et, c’est aussi depuis son lit et avec sa paille qu’il a fait construire une maison avec piscine  dans le Sud de la France.

Je l’avais déjà accompagné au restaurant dans son lit à roulettes (ils le connaissaient, ils avaient prévu un emménagement pour lui). Il parvenait à voyager à l'étranger avec ses soignants, pour des pays d’Amérique du Sud, tout cela avec son lit.

Pour moi il était un miracle, la preuve que quel que soit notre état, c'est Dieu qui offre des opportunités, lorsque cela est naturel. Mais il ne le voyait pas, il n’aimait pas vraiment Dieu. Le jour où je lui ai demandé pourquoi, il m’a dit que Dieu lui avait donné cette maladie, ou du moins laissé dans cet état. Sa sœur avait la même maladie que lui. Tous les deux avaient été abandonnés par leur famille d'après ce qu'il me disait. Ils n’avaient plus que l’un et l’autre. J’ai connu sa sœur, car ils étaient voisins de palier.

Je n’avais rien à lui dire, car je n’étais pas à sa place. J’ai juste souffert avec lui en me disant que je devais me contenter de lui témoigner mon amitié. Il savait qu’il n’avait pas beaucoup de temps, il me l’avait dit. Sa sœur qui pouvait encore se maintenir sur un fauteuil roulant, est décédée.

Il m’a expliqué que ce serait bientôt son tour, chaque jour son corps se paralysait un peu plus, bientôt il ne pourrait plus avaler de la nourriture, il ne pourrait plus ouvrir les yeux ni parler, ses organes internes se paralyseraient totalement et ce serait la fin.

 

Je lui ai alors demandé ce qu’il espérait trouver de l’autre côté, il m’a répondu qu’il voulait aller en enfer. Étonné je lui demande pourquoi, car je le connaissais déjà depuis quelques temps et je savais qu’il était sérieux. Il m’a dit qu’on s’ennuie au paradis et qu’en enfer il y a du divertissement.

Je précise que cet ami n’était pas fou. Il était au-dessus de la moyenne intellectuellement parlant, et il a réalisé depuis son lit, ce que personnellement je n’ai pas réussi à faire en étant libre de tous mes mouvements ou presque. Lorsque je lui ai demandé pourquoi il pensait qu’on s’ennuyait au paradis et qu’en enfer c’était le divertissement, il m’a dit qu’il ne savait pas réellement comment cette certitude s’est installée en lui, mais il pensait que c’était en partie à cause des médias (dessins animés, séries télés et films).

Je n’allais pas lui parler de l’enfer. Pas dans ces circonstances, j’ai fait comme le Nouveau Testament, c’est-à-dire, parler surtout du Royaume de Dieu.

Je n’y connaissais pas beaucoup à ce sujet, à l’époque je n’avais pas encore vraiment étudié la Bible, mais je lui ai parlé de Jésus. Je lui ai dit que lorsqu’il ne pourra plus parler et qu’il commencera à être encore plus enfermé dans son corps, il pourra intérieurement, continuellement parler à Jésus et lui poser toutes les questions qu'il pouvait avoir.

 

Il a quitté la ville pour emménager plus loin dans sa maison lorsqu’elle a été prête. Je lui ai écrit, il m’a vite répondu en m’envoyant des photos de sa maison enneigée, j’étais fier de lui, j'en ai même parlé à ma mère, car pour moi c'était exceptionnel. Lorsque je lui ai écrit une seconde fois, il n’y a pas eu de réponse. Quelques temps après, le coeur lourd, j’ai cherché les avis de décès dans la presse et j’ai trouvé un avis en son nom.

Il ne m’a jamais contredit lorsque je lui parlais de Christ et du royaume de Dieu, il m’écoutait attentivement. Heureusement quelque part, j’avais peu de connaissances à ce sujet à l’époque, donc il a eu l’essentiel, sans confrontation, sans rejet et sans trop d’analyses ou de réflexions. Tout a été très simple.

Tag(s) : #TEMOIGNAGES

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