http://www.rfi.fr/moyen-orient/20141105-pakistan-lahore-blaspheme-coran-religion-couple-briqueterie/
Par RFI
Au Pakistan, un couple de chrétiens a été battu à mort, puis leurs corps brûlés par une foule en colère qui les accusait d’avoir profané le Coran. Ce type d’accusations de blasphème est de plus en plus courant dans la République islamique, et bien souvent ce sont les minorités religieuses qui en pâtissent.
Avec notre correspondant à Islamabad, Gaëlle Lussiaà-Berdou
Shehzad et sa femme Shama, qu’on ne connaît que par leurs prénoms, travaillaient dans une briqueterie d’une petite ville au sud de Lahore, capitale culturelle du pays. Lundi, une affaire de profanation du Coran a éclaté. Le lendemain, une foule enragée, qui tenait le couple chrétien pour responsable, les a battus à mort, avant de brûler leurs corps dans le four à briques.
Profaner le Coran ou insulter le prophète Mahomet sont des crimes passibles de la peine capitale au Pakistan. Cette sentence n’a jamais été appliquée, mais une simple accusation peut suffire à signer l’arrêt de mort d’un suspect.
L’an dernier, une affaire du même genre avait provoqué une émeute dans un bidonville chrétien de Lahore : des dizaines de maisons avaient été saccagées. Et en 2009, à Gojra, plus au sud, ce sont huit chrétiens qui avaient été tués dans des émeutes provoquées là encore par des accusations de blasphème.
Selon les défenseurs des droits de l’homme, cette loi est régulièrement instrumentalisée pour régler des différends personnels, le plus souvent contre les minorités religieuses.
Dans un communiqué publié suite au lynchage de la briqueterie, Amnesty International appelle le Pakistan à mettre fin au climat d’impunité autour des violences communautaires qui fleurissent dans le pays.