Allemagne - un chauffeur de taxi condamné à une amende pour avoir affiché un verset sur son véhicule

La ville allemande d'Essen a infligé une amende de 88,50€ au chauffeur de taxi Jalil Mashali, pour avoir collé un verset de la Bible sur son véhicule. Au départ, la mairie lui réclamait 1 000€, la défense de Jalil a réussi à faire baisser l'amende. Toutefois, le chauffeur s'est refusé à retirer le texte de son véhicule, invoquant sa liberté d'expression et sa liberté de religion.

L'affaire a été confirmée par Sofia Hoerder, porte-parole de l'organisation de défense des droits de l'homme ADF International, interrogée par le Reformatorisch Dagblad, mardi 20 février dernier.

En octobre 2023, le chauffeur de taxi a reçu un avis de la ville d'Essen le menaçant d'une amende s'il ne retirait pas de son taxi un autocollant avec la phrase :

"Jésus † Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie"

Selon la mairie, ce message était considéré comme une publicité religieuse inappropriée, dans la mesure où les taxis remplissent une fonction publique.

Mashali et ADF International, soutiennent que l'interdiction viole les droits humains fondamentaux tels que la liberté d'expression et la liberté religieuse, y compris le droit de partager des convictions profondément ancrées avec d'autres individus. 

Mashali a encore fait appel de cette amende avec le soutien de l'organisation de défense des droits humains. En attendant une décision, le chauffeur de taxi n'effectuera pas le paiement, précise son avocat. Si l'administration ne retire pas l'amende, l'affaire peut être portée devant les tribunaux.

Jalil Mashali, un ancien musulman iranien de 51 ans, a emménagé en Allemagne en 2001 pour se faire opérer.

"Je suis né en 1972 dans la métropole iranienne d'Ahvaz et j'ai grandi dans une famille de 10 enfants. Mon père est mort en 1980, pendant la guerre Irak-Iran. J'avais alors huit ans. Comme notre famille avait perdu son soutien financier, j'ai dû commencer à vendre des cigarettes, de l'eau et des falafels dans les rues."

Il raconte qu'à l'âge de 13 ans, il a été heurté par un bus et a subi 17 opérations aux jambes. Quelques années après cela, il s'est marié, il gagnait sa vie comme fonctionnaire à la mairie d'Ahvaz, mais il avait encore des gros soucis de santé à cause de ses jambes.

"Après l'opération, la douleur était si intense que la morphine n'a pratiquement pas aidé. Je voulais monter avec mon fauteuil roulant jusqu'au quatrième étage de l'hôpital et sauter."

A cette époque, il a reçu la visite d'une amie de son ex-femme.

"Elle était devenue chrétienne et m'a demandé si elle pouvait prier avec moi. Je ne voulais pas, car j'étais un fidèle musulman. Je l'ai quand même permis. Elle a demandé à Dieu de retirer mes souffrances et durant sa prière elle a dit que j'étais le fils de Dieu. Elle a dit, enlève les souffrances de ton enfant. Je n'ai pas du tout compris cela. Dans l'Islam, les gens ne sont que des serviteurs d'Allah".

Le gros de la douleur de Jalil a disparu après les prières de la femme. Il a toujours mal, mais plus au point de vouloir mourir. La femme lui a donné une Bible en persan.  Mashali dit que c'est à partir de là, il a commencé une longue période de lutte intérieure.

"J'ai lu la Bible plusieurs fois, mais j'ai aussi lu le Coran encore et encore. Finalement, j'ai réalisé à quel point Mahomet et Jésus étaient différents. Dieu a clairement fait comprendre dans mon cœur que je ne pouvais plus le renier."

La décision de devenir chrétien avait radicalement changé sa vie.

"Je n'ai plus besoin de faire de mon mieux pour trouver grâce auprès d'Allah. Après l'opération, j'ai continué à vivre en Allemagne. Je veux utiliser ma vie ici pour montrer aux autres le chemin vers Lui."

D’un air mélancolique, il regarde dehors. "Il y a tellement de gens qui ne le connaissent toujours pas."

Même si sa situation en Allemagne est nettement meilleure qu’en Iran, les choses ne sont pas non plus faciles pour Mashali.

"Lorsque vous soulevez un peu la jambe de votre pantalon, une prothèse devient visible, rendant difficiles vos activités quotidiennes, comme le travail et la montée des escaliers".

Pourtant, il doit travailler 10 à 12 heures par jour. Il explique : "C'est dur, mais Dieu me soutient chaque jour. Je ne le mérite pas. Parfois, je ne suis pas fidèle dans mes prières. Pourtant, il me donne ce dont j'ai besoin. C'est la grâce."

Il met un point d’honneur à partager sa foi chrétienne avec tous ceux qui montent dans son taxi. Il admet toutefois qu'il doit être prudent lorsqu'il traite avec des passagers musulmans, car certains d'entre eux réagissent de manière agressive. C'est pourquoi il choisit parfois de garder le silence. Il cite les paroles de Zacharie : "Non par la force, ni par la puissance, mais par mon Esprit."

Alors il reprit et me dit :

- C'est ici la parole que l'Éternel adresse à Zorobabel : Ce n'est ni par la puissance ni par la force, mais c'est par mon esprit, dit l'Éternel des armées. Zacharie 4:6.

(…)

"Je ne comprends pas que je risque une amende aussi lourde en Allemagne à cause d'un texte biblique", déclare Mashali. "Que cela arrive en Iran n'est pas surprenant. Mais en Allemagne, un pays où la liberté est fondamentale ? Pour moi, le verset biblique est une manière de témoigner."

Selon la ville d'Essen, l'accusation portée contre Mashali se fonde sur une loi de 1998. À l'époque, le Tribunal fédéral avait jugé que les taxis remplissaient une fonction publique cruciale. Par conséquent, les textes religieux sont considérés comme inappropriés pour être affichés sur ces médias.

Selon Mashali, le problème est plus profond. "L'Allemagne a perdu ses racines chrétiennes. Vous voyez cette église là-bas ?", montre-t-il en montrant un bâtiment peint de graffitis. "Autrefois, les offices religieux s'y déroulaient, mais aujourd'hui, elle est vide. C’est parce que les gens pensent qu'ils n’ont plus besoin de Dieu".

Mashali bénéficie de l'assistance d'un avocat autrichien qui a pris en charge l'affaire gratuitement. La date du verdict n'a pas encore été fixée.