Le 17 juillet dernier, lors d'une cérémonie officielle, le secrétaire d'État américain a rendu hommage à l'imam nigérian Abubakar Abdullahi pour avoir «caché au péril de sa vie les membres d'une autre communauté religieuse qui auraient été tués sans son intervention.» L'imam s'est vu décerner le Prix International de la Liberté Religieuse. 

 

Il offre sa vie en échange

Le 23 juin 2018, la prière se termine dans la mosquée du village de Nghar dans la région de Barkin Ladi dans l'État du Plateau au Nigéria. Des coups de feu retentissent. Lorsque l'imam sort pour voir ce qui se passe, des centaines de chrétiens fuient, pourchassés par des nomades peuls. Avec courage, il ouvre les portes de sa mosquée et de sa maison et cache 262 chrétiens. Puis il sort et fait face aux assaillants leur demandant de cesser de s'en prendre aux chrétiens et il leur offre même sa vie en échange de la leur.

 

Des divisions religieuses qui s'aggravent

Lors de cet épisode de violence qui a duré plusieurs jours, 84 personnes ont été tuées dans le seul village de Nghar et près de 200 personnes ont perdu la vie dans l'attaque d'une dizaine de villages environnants. Un bilan qui aurait été sans doute encore plus lourd sans l'intervention de l'imam.

Les violences qui opposent les bergers peuls majoritairement musulmans aux agriculteurs chrétiens dans la région de la Ceinture Centrale du Nigéria se sont intensifiées au point de supplanter la menace représentée par le groupe terroriste Boko Haram dans le pays. Elles ont fait des centaines de milliers de déplacés et ont renforcé les divisions ethniques et religieuses dans le pays.