2,5 pages
Lorsque j’avais 15 ans, une amie m’a encouragée à me rendre avec elle dans un centre spirite qui enseignait la connaissance et le bien.
Après quelques années, j’ai approfondi mes connaissances en me dirigeant d’abord vers le candomblé (religion afro-brésilienne) où on apprend le contact avec les exus (entités) et les orishas (entités). J’étais fascinée par les exus et les pomba giras (entités dont le nom signifie 'colombe qui tourne') et j’ai naturellement commencé à recevoir ces esprits dans mon corps. Après cela, je me suis orientée vers la quimbanda (religion afro-brésilienne), où c’est encore plus lourd.
J’étais fascinée par les esprits qui tournoyaient, qui chantaient, fumaient et qui buvaient. Chaque fois qu’un esprit entrait dans mon corps, je ne me souvenais plus de rien.
Un jour, la pomba gira d’une coreligionnaire est entrée en elle lors d’une réunion religieuse. L’entité s’est dirigée vers moi, en me demandant ce que je lui donnerais si mon désir d’enfant se réalisait. L’entité m’a encore dit qu’elle était une femme et qu’elle tiendrait sa promesse. Elle m’a averti qu’elle pourrait beaucoup me donner, mais aussi tout me retirer.
J’étais bien étonnée, car cet esprit savait ce qui se cachait au plus profond de moi. Je n’avais parlé de mon désir d'enfant à personne, j’étais d’ailleurs encore adolescente, mais le désir d’enfant était déjà quelque chose qui me marquait depuis longtemps.
J’ai vite réfléchi à ma vie. Mes parents travaillaient beaucoup et gagnaient tellement peu. Je ne voulais pas reproduire leur vie, je n’aimais pas la façon dont ma vie se dessinait. En une fraction de seconde j’ai répondu à l’esprit que je lui offrirais de l’or, des vêtements et un bouc tous les ans, à l’occasion de sa fête annuelle.
L’esprit a tenu ma main en me disant qu’elle me donnerait un homme qui serait accroché à moi comme un chien. Puis elle a dit au revoir.
Un soir, alors que j’étais présente à une fête dansante, un très bel homme s’est approché de moi. Il était beau, blond aux yeux couleur miel. Il s’est assis en face de moi et ne cessait de me fixer. Il a fini par m'adresser la parole. Il semblait très simple malgré son apparence d’homme riche. Nous avons échangé nos numéros de téléphone lorsque mes amies sont arrivées, puis il est parti.
Nous discutions beaucoup au téléphone, puis un jour, il est venu me chercher à la maison en voiture. Lorsque je suis sortie, j’étais soufflée par le luxe de son véhicule. Il m’a promené dans plusieurs endroits très chics, où je ne pensais pas un jour mettre les pieds. Sur plusieurs jours consécutifs, j’ai eu le droit de voir ces endroits élitistes. Lorsque je lui ai demandé ce qu’il faisait dans la vie, il m’a simplement répondu qu’il était dans les investissements immobiliers.
Il me traitait comme une princesse. C’est vrai qu’à la base je me trouvais belle, j’étais mince, blonde. Il m’a conduite chez des esthéticiennes, puis dans une clinique esthétique et j’ai par la suite fait plusieurs chirurgies. J’ai altéré la forme de mon visage, j’ai fait changer mon nez, j’ai augmenté mes seins et mon fessier.
Je ressemblais à une bimbo, mais j’ai eu besoin de 3 mois pour me remettre de ces interventions chirurgicales. J’aimais beaucoup mon apparence, il venait me voir presque tous les jours. J’avais honte de le recevoir chez mes parents, la maison était tellement modeste. Il a remarqué ma gêne, et m’a invité à habiter dans une de ses maisons situées dans une ville proche.
Je me suis rendue dans le centre spirite où l’esprit m’attendait :
- Mais que tu es belle et heureuse ! N’oublie pas notre accord, j’ai mis cet homme à tes pieds.
L’esprit s’est dirigé vers la salle des exus, où se trouvent les offrandes qui lui sont destinées. Elle en est ressortie avec une fiole contenant un liquide presque transparent.
- Trouve un moyen de lui faire boire ceci et il ne te quittera jamais. Maintenant, j’attends mon or et mon bouc.
Je suis partie dans cette autre ville avec l’homme, fâchée avec ma mère, car elle n’approuvait ni mon départ, ni cette relation.
Dans l’avion, j’ai mis le liquide dans sa boisson lorsqu’il était aux toilettes. A l’arrivée, il a fait un malaise, j’ai pris peur, j’ai vite dit que c’était à cause du voyage. Une fois chez lui, quelle maison !
Piscine, jacuzzi, etc, j’avais l’impression d’halluciner. Pendant qu’il se reposait, je visitais la maison. Le lendemain il m’a conduite dans les magasins des gens de la haute société. J’ai acheté des bijoux en or et des vêtements que j’ai expédié au centre de la quimbanda comme promis. Quelques mois après, lors de la fête de pombagira, je lui ai offert un bouc comme convenu. Quelques jours après cela, mon homme commençait à changer. Il manquait de patience, il était devenu jaloux au point de briser mon téléphone. Je ne pouvais sortir de la maison qu’en sa compagnie. Il ne sortait plus de la maison. Si je devais aller au salon de beauté, il venait avec moi. Je commençais à suffoquer.
J’envoyais toujours des cadeaux et de l’argent au centre spirite, mais les choses empiraient dans ma vie. Il s’est mis à m’agresser, pour des futilités je recevais des coups. Il avait des crises de jalousie sans aucun fondement. Mon paradis était devenu un enfer. Nous avions l’habitude de dîner à l’extérieur, dans la voiture un soir, il a sorti de la cocaïne et l’a consommée devant moi. Je n’étais pas d’accord avec cela, mais il m’a demandé de me taire et m’a dit que je devrais m’y mettre aussi. Comme j’ai riposté il s’est mis à me frapper dans la voiture avant d’accélérer comme un fou. Il a renversé un piéton, mais il s’est enfui. J’étais horrifiée, je sentais qu’il pouvait tout aussi bien me tuer. Une fois à la maison, il a caché la voiture et nous avons pris une autre.
Quelques jours plus tard, une des mes prothèses mammaires s’était infectée à cause du choc de l’accident. C'était d'ailleurs étrange puisque cette voiture haut de gamme, avait des airbags, mais le mien ne s'est pas ouvert. Mon visage et ma poitrine avaient frappé le tableau de bord. Plusieurs mois après avoir soigné l’infection et remplacé la prothèse, il me pourrissait toujours la vie.
Dans un accès de rage il a tué mon chien. Il cassait des choses à la maison, il se disputait avec des hommes dans les lieux publics par jalousie. C'en était trop, j’ai décidé de rentrer chez mes parents. Un seul jour après mon arrivée, il s’est présenté chez mes parents avec une arme pour m’obliger à rentrer chez lui. Il l'a fait devant mes parents, mes neveux et les voisins.
J’ai fini par partir avec lui pour éviter un bain de sang et calmer tout le monde. Quelques jours plus tard, je suis revenue dans le but de me rendre dans le centre spirite où j’ai demandé à l’esprit de se manifester.
J’ai raconté mes malheurs et mon insatisfaction quant à cet homme. Avant la fin de mon récit, l’entité m’a interrompu, elle m’a dit qu’il n’était pas nécessaire que je raconte tout en détail puisqu’elle savait et voyait tout ce qui se passait dans mon couple. Elle m’a précisé qu’elle m’avait promis le confort et l’argent, pas l’amour. Elle m’a encore parlé avec arrogance, et elle m’a dit que je n’ai pas su « spéculer » mon accord.
Je lui ai demandé pardon, je voulais défaire l'accord. Elle m’a dit que ce n’était pas possible, c’était jusqu’à la mort. Je lui ai alors dit que je rompais notre accord, car je ne pouvais absolument plus supporter cette vie. Elle a ri très fort, avant de me faire savoir qu’elle aimait le sang des boucs que je lui offrais mais qu'elle affectionnait particulièrement le sang d'êtres chers. J’étais pétrifiée à l’idée qu’elle me demande cela.
Quelques jours après, j’ai découvert que j’étais enceinte, l'entité le savait avant moi. Malgré ma grossesse, mon homme ne cessait pas les coups et les agressions. J’ai vécu une grossesse difficile et malheureuse. Mon fils est pourtant né sain et sauf, il était blond et très clair de peau. J’aimais tellement mon fils, alors que mon compagnon semblait indifférent à son existence. J’avais peur de laisser mon fils avec lui, pourtant j’ai dû le faire lorsque j’ai appris que ma mère a souffert d’un AVC. Dans la panique, j’ai laissé mon fils avec mon conjoint pour rejoindre ma mère à l’hôpital. Quelques heures seulement après, j’ai reçu un coup de fil qui m’annonçait que mon compagnon avait eu un accident de voiture. Je voulais savoir où était mon fils.
J’ai appris par les médecins qu’il avait été éjecté du véhicule. Un policier m’a expliqué que mon compagnon n’avait pas utilisé le siège auto pour bébé et il roulait à 100km/h. J’étais anéantie, mon fils n'était plus. Je ne savais même plus comment pleurer. Mon compagnon n’avait eu que quelques égratignures, il était en cellule. Je pensais à ce que j’avais fait de ma vie, ce qui avait réellement de la valeur pour moi. J’étais folle de haine, de regrets et toutes sortes de sentiments négatifs. J’ai alors senti une présence très froide à mes côtés. C’était l’esprit qui se réjouissait de la perte de l’objet de mon amour inconditionnel, mon fils. Deux jours après les obsèques de mon fils, ma maman est décédée. Encore une fois, mon monde s’est écroulé, je suis tombée à genoux au sol et j’ai demandé à Dieu de me prendre.
Je me suis souvenue des paroles de l’entité, j’ai compris que des vies avaient été anéanties à cause de moi.
Durant les trois années qui ont suivi ces deuils, j'ai perdu mon père et mon neveu préféré. Tous morts d’une mort sanglante. C’est aussi après ces trois ans que mon ex compagnon a été relâché. Il a osé venir me chercher pour qu’on se remette ensemble, ce que j’ai catégoriquement refusé. J’avais ce grand fardeau de culpabilité et de regrets, je ne voulais plus rien à faire avec cette ancienne vie.
J’ignorais que les esprits pouvaient me tromper. J’avais étudié qu’on pouvait faire de la bonne quimbanda, en quelque sorte de la magie blanche. Je ne pensais donc faire aucun mal. Toutes les bases spirituelles que j'avais, je les avais apprises dans le centre spirite.
Mon ex compagnon m’a dit qu’il faudrait que l’un de nous meure puisque je ne voulais plus de lui. Il m’a poignardé à deux reprises à une telle vitesse que je n’ai pas tout de suite réalisé ce qui se passait. J’ai survécu, j’ai été hospitalisée plusieurs mois, je suis rentrée chez moi sans un rein. Avec cette présence démoniaque dans ma vie, j’ai décidé de me convertir au christianisme. Malgré toute l’amertume que j’avais en moi, j’ai donné ma vie à Dieu.
J’ai commencé à puiser en Dieu, les forces pour vivre. En janvier 2018, j’ai appris que mon ex est décédé d’une overdose de drogue. Son avocat m’a annoncé qu’il m’avait laissé une lettre d’adieu, et qu’il me léguait tous ses biens. J’ai fait dons de quelques biens à des œuvres de charité. Tous les jours sans exception je réfléchis à ma vie. Ma vie sans mon fils m’est insupportable d’autant plus que je n’ai plus le soutien de ma mère, celui de mon père et mon neveu préféré, tous sont décédés.
Aujourd’hui je demande la pitié de Dieu. J’habite actuellement dans la vieille maison de mes parents, je ne manque de rien. Mais, je suis tourmentée par les remords. Lorsque tout a commencé, j’étais adolescente, j’étais heureuse, je ne devais rien à personne, et je ne mesurais pas la liberté que j’avais. J’avais tout pour être heureuse, mais je suis tombée dans le piège de plus. Aujourd’hui j’ai ce "plus" mais je n’ai plus rien. J’ai actuellement 25 ans. Après ces 10 ans, j'ai l'impression que ma vie est derrière moi, c'est fini.
Exemple d'une fête en l'honneur de Pomba-Gira :
Si quelqu'un s'adresse aux morts et aux esprits, … je tournerai ma face contre cet homme, je le retrancherai du milieu de son peuple. Lévitique 20:6. Saül mourut, parce qu'il se rendit coupable d'infidélité envers l'Éternel, dont il n'observa point la parole, et parce qu'il interrogea et consulta ceux qui évoquent les morts. 1 Chroniques 10:13. Qu'on ne trouve chez toi personne qui … consulte ceux qui évoquent les esprits ou disent la bonne aventure, personne qui interroge les morts. Deutéronome 18:10-11. Si l'on vous dit : Consultez ceux qui évoquent les morts et ceux qui prédisent l'avenir, Qui poussent des sifflements et des soupirs, Répondez : Un peuple ne consultera-t-il pas son Dieu ? S'adressera-t-il aux morts en faveur des vivants ? Ésaïe 8:19. LSG