Deux études publiées simultanément révèlent la croissance des protestants évangéliques et démographie des protestants français. Les historiens et sociologues Sébastien Fath et Jean-Paul Willaime en tirent plusieurs analyses, chiffres à l’appui.
Deux études publiées simultanément décryptent chiffres à l’appui la démographie des protestants français et la croissance des évangéliques français: celles de Sébastien Fath, historien des religions et chercheur au CNRS d’une part et de Jean-Paul Willaime pour la Fondation pour l’innovation politique.
Les conclusions des enquêtes de Sébastien Fath ont été révélées le 1er avril au sein de l’enquête « Les protestants en forme… grâce aux évangéliques » publiée dans l’édition hebdomadaire du journal Réforme .
Celle-ci dévoile la composition du paysage évangélique répartie entre 54% de protestants évangéliques, 30% de luthériens et de 16% d’autres dénominations protestantes dites « en marge ».
Les protestants évangéliques français représentent aujourd’hui 1,6% de la population, les luthériens 0,9% et la dernière catégorie réunit 0,5%.
À partir de plusieurs enquêtes, l’historien des religions @SebFath estime cette semaine dans @ReformeHebdo la démographie du protestantisme français qui profite aux Églises évangéliques désormais majoritaires :
— Romain CHOISNET (@comcnef) March 31, 2021
Le protestantisme français, en 2021, c'est :
— Romain CHOISNET (@comcnef) March 31, 2021
➡ 54% d’évangéliques (1,6 % de la population),
➡ 30% de luthérien et réformé stable (0,9 % de la population)
➡ 16% d’autres protestants en marge (0,5 % de la population).@SebFath dans @ReformeHebdo (n°3892, avril 2021) pic.twitter.com/PslKqHumRu
Parue la veille, mardi 30 mars, l’étude du sociologue Jean-Paul Willaime, directeur d’études émérite à l’École pratique des hautes études (PSL-Sorbonne) publiée par la Fondation pour l’innovation politique – un think tank à tendance libéral et progressiste – analyse par ailleurs les ressorts et enjeux de « l’importante reconfiguration » du protestantisme de ces dernières années. Dans « Les protestants en France, une minorité active », le chercheur y souligne également la croissance des protestants français dont il porte à 50 % la part des évangéliques, selon ses chiffres, contre 10 % dans les années 1960, avec « déplacement du centre de gravité du protestantisme du pôle luthéro-réformé vers le pôle évangélique ».
Dans les angles morts
Ces mouvements observés au sein de la Fédération Protestante de France peuvent « susciter quelques tensions et la nécessité de repréciser pour les uns et les autres le sens du lien fédératif », explique t-il. Il ajoute par ailleurs que « ces évolutions ont accru le rôle de la Fédération protestante de France (FPF), laquelle a pour mission de représenter l’unité plurielle du protestantisme, y compris des évangéliques, devant les pouvoirs publics. » Jean-Paul Willaime pointe aussi les fragilités du mouvement à travers une possible « bipolarisation du protestantisme français », qu’il estime être « le corollaire selon lui de la volonté affirmée du Cnef » de « promouvoir l’identité propre du protestantisme évangélique ».
Un rôle assumé de « vigies » de la République
Face aux divers sujets sociétaux tels que la bioéthique, la liberté de culte ou l’écologie, Jean-Paul Willaime rappelle néanmoins le rôle accru d’interpellation des autorités de la FPF et de l’opinion publique utilisant le terme d’ « opposition vigoureuse.» Le projet de loi confortant le respect des principes de la République fait l’objet de toutes les attentions, et « qui (…) a selon elle mis en place une laïcité sécuritaire de contrôle impactant particulièrement le culte protestant. » « Le protestantisme assume une présence affirmée dans l’espace public et refuse une laïcité conçue comme une neutralisation-invisibilisation religieuse de la vie sociale. »
« Si (les protestants) acceptent d’endosser le rôle de « vigies » (de la République) que leur a assigné le président (Emmanuel Macron, en 2017, NDLR), ce n’est ni pour devenir des accompagnateurs attestataires des pouvoirs en place, ni, au contraire, pour se transformer en pourfendeurs systématiques », estime le sociologue, « s’ils acceptent d’endosser ce rôle, c’est parce que leur théologie leur enjoint de le faire.»