Je l’ai connu alors que j’étais aide à domicile pour des personnes âgées. Lui vivait avec ses grands-parents, il ne parvenait pas à s’occuper totalement d’eux. Le grand-père souffrait de la maladie d’Alzeihmer, je venais leur faire à manger et leur tenir compagnie. Nos regards se sont croisés, nous avons fini par nous fréquenter, puis il m’a demandé en mariage. J’avais des alertes, mais je ne voulais pas voir. Il était mon homme parfait, tout ce que j’ai toujours voulu comme mari en tant que femme. Tout ce que j’avais en tête, c’était devenir une épouse fidèle et loyale. Il était grand, chauve et beau.
Cet homme n’avait en apparence rien de reprochable, il était doux, attentionné, et jusqu’à sa mort il l’a été envers moi. Pourtant, le frère de mon futur mari est venu me voir, il m’a demandé de faire attention, car l’homme que j’avais accepté d’épouser, n’était pas la personne que je pensais connaître. Comme il n'avait pas de preuves et qu'il restait évasif sur ses accusations, je lui ai dit que je ne croyais rien de ce qu'il pouvait me dire et je lui ai demandé de partir. J'étais vraiment amoureuse, il était très bon et attentionné envers ses grand-parents, ce qui était important à mes yeux à l'époque. Il préférait vivre avec ses grand-parents plutôt que de les envoyer dans un asile et récupérer leurs biens. Je ne lui voyais que des qualités, alors je n'ai rien voulu savoir.
Le jour de notre mariage, c'était merveilleux, il y avait plein d'amour, mais aucun membre de sa famille n'était présent. D'ailleurs après le mariage, je n'ai plus jamais vu un membre de sa famille. Si au moins je m'étais posé les bonnes questions au lieu de simplement accepter la situation... j'aurais certainement eu une meilleure version de qui il était, mais je ne l'ai pas fait. D'ailleurs tout au long de notre mariage, même si je percevais certaines choses, je n'allais pas très loin, je lui faisais confiance.
Je me suis toujours sentie aimée par lui, je l’adorais. J'étais toujours radieuse lorsqu'il rentrait du travail, je l'attendais. Mais il y avait des jours où il revenait vraiment tard. Un soir il ne revenait pas, je tournais en rond. J'ai essayé de lire un livre, puis je regardais dehors j'observais les phares des voitures en espérant apercevoir la sienne. J'avais peur, car les heures passaient et il faisait déjà jour lorsqu'il est rentré. Il m'a donné une excuse comme quoi il était avec des amis et qu'il avait trop bu, il a préféré dormir sur place. Je n'ai rien dit, car j'étais réellement soulagée qu'il soit en vie.
J’ai remarqué que mon mari avait des vraies "absences". On pouvait être en plein dîner, et soudain il avait cet air totalement absent et cela pouvait durer longtemps jusqu’à ce que j’élève la voix. Il s’excusait et redevenait un mari adorable. Je trouvais cela étrange, mais je n’ai pas cherché plus loin, or il avait ces absences une à deux fois par mois. J'ai noté que lorsqu'il avait ces absences, la nuit d'après, il la passait dehors. Je ne pensais pas qu'il me trompait, je me disais, bon c'est un homme, il passe du bon temps avec ses amis. Je lui trouvais toutes sortes d’excuses.
Un jour en son absence, en rangeant la maison, j’ai découvert des documents judiciaires, qui mentionnaient une condamnation à 6 ans pour viol, il en avait effectué 4, il a été libéré pour bonne conduite. Lorsqu’il est rentré je lui ai posé la question, il a dû m’avouer qu’il avait effectué une peine de prison pour viol, mais c’était il y a très longtemps, la fille aurait menti. Il a même appelé le psychiatre qui l’aurait suivi et ce dernier m'a confirmé au téléphone qu’il n’était pas dangereux et que l’histoire de viol était un malentendu. Il a été arrêté parce qu'il était au mauvais endroit, mais il n'aurait pas touché la fille. Je l’ai embrassé, en le consolant pour l'injustice dont il avait été victime.
Si j’avais poussé les questions un peu plus loin au lieu de le consoler, peut-être que j’aurais commencé à comprendre. Dieu m'a toujours donné des indices, mais je n'ai rien voulu savoir. Je me suis convaincue que quoiqu'il en était, je ne pouvais pas lui en vouloir pour des choses qui s'étaient produites avant notre rencontre. Même s'il avait réellement commis ce viol, il avait payé sa dette à la société d'après moi.
Un jour alors que je conduisais, quelque chose m’a poussé à me baisser et lorsque je l’ai fait, j’ai trouvé un bijou. Le soir, j’ai demandé à mon mari à qui appartenait le bijou que j’avais trouvé dans la voiture, il a répondu très rapidement : « j’ai ramené un ami et sa fille en voiture, elle a dû faire tomber son bijou dans le véhicule ».
Or ce bijou, ce n’était pas celui d’une fille, c’était un bijou de femme adulte, une broche sophistiquée. Mais je n’ai pas argumenté, j’ai laissé tomber, comment ai-je pu être si bête ?! D'autant plus qu'il m'a demandé de garder le bijou. Si c'était celui de la fille de son ami, il aurait dû le lui rendre.
Il se passait beaucoup d'autres choses et je ne voyais toujours rien, je crois que je ne voulais pas voir. Je me souvenais des voeux devant le prêtre, j'avais dit que je resterais avec cet homme jusqu'à ma mort, alors je ne voulais pas écorcher notre mariage.
Pourtant, très tôt un matin on a entendu frapper énergiquement à la porte, mon mari m’a demandé de rester au lit, il a ouvert la porte. C’était la police, on accusait mon mari de vol. Pendant qu’il était menotté, il m’a demandé de venir le chercher au poste. C’est ce que j’ai fait, il a été libéré sous caution. Il a dit que la police avait fait un complot contre lui. Il a fallu une succession d’évènements pour que je commence à voir un peu. Chaque fois que je regardais par la fenêtre, je voyais des policiers tourner autour de notre maison. Mon mari m'a dit que c'était dans ma tête. J'ai accepté son explication, peut-être étais-je traumatisée par l'invasion de la police chez nous.
Toutefois j'avais remarqué que lorsqu’il se couchait, il tombait comme une masse et s’endormait sans problème, ce qui m’intriguait beaucoup. Je me demandais comment il pouvait dormir comme cela en paix, cela ne ressemblait à rien à un chrétien. Notre Dieu ne nous laisse pas dormir en paix lorsque nous avons des choses à confesser, nous devons faire la paix avec Dieu avant de nous coucher et personne ne peut passer une journée entière sans avoir des choses à se reprocher en actes ou en pensées.
Mais je n'avais pas compris que mon mari était du MAL.
J’avais grandi dans un christianisme où on apprend à dormir après avoir fait la paix avec Dieu. On prie, on demande pardon pour les péchés de la journée, et seulement après on s’endort. Sans cela, l’Esprit Saint ne nous laisse pas dormir en paix, parce qu’il attire notre attention sur un péché quelconque jusqu’à ce qu’on fasse la paix avec notre Créateur. Mais je ne voyais jamais mon mari faire cela.
Il ne se confessait pas, il n'avait pas de remords. A l'époque j'avais même réussi à me convaincre que s'il ne priait pas avant de se coucher, c'est probablement qu'il ne faisait absolument rien de mal. Je m'inventais les plus grandes excuses. Or, un chrétien a toujours besoin de prier pour son âme. Mais, j'étais si passionnée par mon mari que je renversais tous mes raisonnements bibliques. Dieu a essayé de m'avertir de diverses manières avant le mariage, pendant le mariage, et moi j'ai compris seulement après la fin du mariage. Au fond de moi, je savais ce qu'il fallait faire, mais je ne le voulais pas.
Quelques temps après, plusieurs hommes en armes sont arrivés chez nous, c’était le FBI. Mon mari a été conduit au poste pour plusieurs viols et meurtres de femmes. Il a été condamné à mort. Ce n'est que là que j'ai vraiment compris, mon mari était un tueur en série.
Tout le monde s’est retourné contre moi, tout le monde m'a rejeté, ils ont dit que j’aurais dû savoir, j’aurais dû voir, personne n'a accepté que je n'avais pas vu. Mon mari m’a très bien traité durant toutes nos années de mariage et cela m’a réellement aveuglée.
Alvin « Bud » Brown a été inculpé pour au moins quatre assassinats de femmes. Il a commis de nombreux cambriolages ainsi que des agressions et plusieurs autres crimes. Il est mort en prison en 2002.