Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Nous étions en famille, ma grand-mère, mon père, ma mère et mon petit frère qui avait un an. Après le dîner nous avons décidé de nous détendre à la plage. La plage n’était qu’à dix minutes en voiture, personne ne voulait aller au lit, donc mes parents ont pris quelques boissons, direction la plage.

La plage était déserte, mon petit frère s’est endormi dans la poussette, ma mère l’a éloigné à quelques mètres de nous, pour qu’il ne soit pas incommodé par le bruit de nos discussions et nos rires. C’était une très bonne ambiance familiale. Mes parents et ma grand-mère buvaient des bières et d’autres alcools, moi je consommais du panaché. Soudain, notre attention a été attirée par les gesticulations et les cris de mon petit frère qui pointait son doigt en direction de l’eau, quelque chose l'avait réveillé. Nous avons regardé et là se trouvait une dame qui avançait sans chaussures, vêtue entièrement de blanc et qui dégageait une lumière comme si elle était éclairée par quelque chose. Tout le monde est devenu sérieux et sobre d'un coup !

Ma grand-mère a essayé de prier, mon père s’est mis à courir avec la poussette en direction de la voiture, je courrais également, ma grand-mère avait dépassé ma mère qui était rondouillette à l’époque. Mon père a démarré la voiture d’un coup sec et personne n’a rien dit jusqu’à la maison. Une fois à la maison, pour détendre l’atmosphère ma mère a dit que si quelqu’un nous avait filmé, le monde entier se moquerait de nous. Mon père a juste dit que maintenant il sait que la dame blanche existe. Ma grand-mère a dit que ce genre de choses se produit parce que trop de gens vont à la plage pour parler aux esprits.

Illustration

Illustration

Ma cousine, une amie et moi, vivions à la campagne. A cette époque, à l’âge de 5 ans nous étions déjà très dégourdies et libres d’explorer le village tout entier, forêt et rivière. Nous aimions particulièrement nous rendre dans une petite zone boisée et assez dégagée. Il arrivait qu’on trouve des bonbons, de l’argent ou d’autres choses soigneusement posées et rangées.

Nous avions interdiction de ramasser quoique ce soit, il s’agissait d’offrandes païennes.

Un jour nous avons trouvé des fleurs déposées au sol, au milieu des fleurs il y avait une très jolie poupée. Cette poupée était vraiment très belle, nous l’avons saisi sans réfléchir tellement nous étions attirées par elle. Nous nous sommes disputées dans un premier temps. J’étais élevée par ma grand-mère, je n’avais pas beaucoup de jouets, ma cousine avait plusieurs poupées Barbie et notre amie était un peu comme moi. Nous avons alors décidé de nous partager la garde de cette poupée, ce serait un jour l’une, un jour l’autre. J’étais la première. Je cachais la poupée dans ma chambre, il ne fallait pas que ma grand-mère la voit, elle m'avait déjà répété de ne pas toucher aux offrandes. Mais il y avait quelque chose dans le regard de cette poupée qui me gênait vraiment. Elle semblait changer d’expressions, tantôt elle semblait triste, tantôt calme, tantôt on dirait qu'elle pleurait. Son regard n’avait rien d’une poupée, elle semblait vivante. La présence de cette poupée, me mettait mal à l'aise, elle dégageait quelque chose que je ne pouvais ni comprendre ni expliquer à l'époque, du haut de mes 5 ans.

Lorsque mon tour est passé, j’ai refilé la poupée à mon amie sans rien dire. Lorsque son tour est passé, ma cousine l’a eue. Alors que nous avions eu toutes les trois la garde, je ne voulais plus la prendre, j'ai réalisé que les autres ne la voulaient plus. Ma cousine et notre amie avaient senti la même chose. Elles avaient été mal à l’aise avec cette poupée chez elles. Ma cousine en particulier semblait très affectée. Nous avons décidé d’enterrer la poupée et nous l’avons oubliée.

Quelques années plus tard, alors que nous avions déjà 10 ans, nous avons pensé à la déterrer pour savoir si elle était toujours là. La poupée était bien là et nous étions très étonnées par son apparence, car elle avait vieilli. Je ne parle pas d’un vieillissement comme le plastique qui vieillit et qui se désintègre, la poupée avait des traces et des rides sur le visage, comme une femme âgée. Nous l’avons remise dans le trou et nous n’en avons plus jamais parlé. Cette poupée nous avait communiqué une telle tristesse, un tel spleen que je me suis débarrassée de celles que j’avais chez moi. Je n’ai plus jamais aimé les poupées. Aujourd’hui j’ai deux filles et je ne leur ai jamais acheté une seule poupée. Elles ont des poupées qu’on leur offre, je ne peux rien y faire, c’est mon traumatisme, pas le leur. Récemment j’ai revu ma cousine qui m'a montré une photo d’un article aux Etats-Unis où une poupée avait vieilli comme un être humain. Je ne sais pas si cette photo est réelle, mais nous avons vu quelque chose de très similaire il y a quelques années. Ma cousine avait fini par brûler toutes ses Barbie, elle m'explique que comme moi, aujourd'hui encore, elle est traumatisée par les poupées.

The doll that aged

The doll that aged

Tag(s) : #TEMOIGNAGES

Partager cet article

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :