TB Joshua : Les victimes du méga pasteur sortent de l'ombre et parlent

Recrutement de vierges, interruptions de grossesses forcées et tortures généralisées !

Attention, certains témoignages sont durs et peuvent perturber les personnes sensibles.

Il apparaissait tous les ans dans la liste des pasteurs les plus fortunés au monde. TB Joshua, est né le 12 juin 1963, est décédé de manière soudaine le 5 juin 2021 à Lagos au Nigeria.

A la lumière de la Bible, c'était clairement un faux prophète et un faux pasteur, cela n'a jamais été un mystère. Le type de pasteur à déclarer des choses comme : Cette année Dieu a dit qu'il exaucera toutes les prières !

Comme si avant cette année en question, on avait prié pour rien et qu'après l'année en question, on ne devrait plus prier en attendant que le prophète nous dise à nouveau quand "dieu" sera disposé à écouter et à exaucer. 

Son influence et sa séduction étaient si grandes, que j'ai dû convaincre une personne qui vit dans les Antilles françaises, à ne pas s'aventurer au Nigéria, car ce pasteur avait déclaré à une époque que le Seigneur était en train de guérir des gens là-bas. Cette personne n'avait même pas les moyens d'entreprendre ce voyage, mais elle était prêtre à tout vendre pour y aller. Heureusement la Parole parle pour elle-même, elle nous affranchit des mensonges. Voilà les versets qui lui ont ouvert les yeux sans nécessité d'autres mots :

Ne le croyez pas - N'y allez pas - Ne courez pas après !

Si quelqu'un vous dit alors : Le Christ est ici, ou : Il est là, ne le croyez pas. Matthieu 24:23. Si donc on vous dit : Voici, il est dans le désert, n'y allez pas; voici, il est dans les chambres, ne le croyez pas. Matthieu 24:26. On vous dira : Il est ici, il est là. N'y allez pas, ne courez pas après. Luc 17:23.

… ta parole est la vérité. Jean 17:17. vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira. Jean 8:32. 

Un reportage d'investigation de la BBC a révélé des preuves d'abus et de torture généralisés commis par TB Joshua, fondateur de l'une des plus grandes églises évangéliques au monde.

D'anciens membres de la SCOAN ont déclaré avoir été victimes d'atrocités commises par TB Joshua, telles que des abus sexuels et des avortements forcés. Le prédicateur charismatique avait accumulé des milliers de fidèles à travers le monde. Selon les témoins, les abus ont duré près de 20 ans dans un complexe religieux de Lagos, la plus grande ville du Nigeria.

L'église qui existe toujours, a nié les accusations, et refusé de répondre aux questions. L'enquête de la BBC, qui a duré deux ans, a rassemblé des témoignages oculaires de violences physiques ou de tortures perpétrées par Joshua, notamment des cas de maltraitance d'enfants et de personnes fouettées et enchaînées.

"Nous étions en enfer"

L'une des victimes, une Britannique nommée Rae, avait 21 ans lorsqu'elle a abandonné ses études à l'Université de Brighton en Angleterre en 2002 lorsqu'elle a été recrutée par l'Église. Elle a passé les 12 années suivantes au milieu des disciples de Joshua dans son complexe labyrinthique à Lagos.

"Nous pensions tous que nous étions au paradis, mais nous étions en enfer, et des choses terribles se produisent en enfer", a-t-elle déclaré à la BBC.

Rae dit qu'elle a été sexuellement agressée par Joshua et soumise à une forme d'isolement cellulaire pendant deux ans. Les violences étaient si graves qu'elle affirme avoir tenté de se suicider à plusieurs reprises à l'intérieur du complexe.

Entre les années 1990 et au début des années 2000, des dizaines de milliers de pèlerins venus d'Europe, d'Amérique, d'Asie du Sud-Est et d'autres pays d'Afrique, se sont rendus au Nigeria pour voir TB Joshua accomplir des "miracles de guérison".

Au moins 150 visiteurs ont vécu avec lui en tant que disciples dans son complexe de Lagos, parfois durant des décennies. Le pasteur, était nommé "Le Prophète" par ses disciples.

Aujourd'hui, Rae est de retour en Angleterre, elle vit dans un village de campagne. C'est une personne souriante, mais elle vit avec une inquiétude qui ne disparaît jamais.

"De l'extérieur, j'ai l'air normale, mais ce n'est pas le cas", dit-elle.

L'enquête de la BBC, en collaboration avec la plateforme médiatique internationale Open Democracy, a impliqué plus de 15 journalistes sur trois continents. Des enregistrements vidéo, des documents et des centaines d'heures d'entretiens ont été consultés pour corroborer le témoignage de Rae et découvrir d'autres témoignages. 

Plus de 25 témoins oculaires et victimes présumées, originaires du Royaume-Uni, du Nigeria, du Ghana, des États-Unis, d'Afrique du Sud et d'Allemagne, ont accepté de raconter à quoi ressemblait la vie dans la résidence de Joshua.

D'anciens partisans ont tenté de dénoncer des abus dans le passé, mais affirment avoir été réduits au silence ou discrédités par l'église.

Lorsque l'émission Africa Eye de la BBC a tenté de filmer à l'extérieur de l'église, un agent de sécurité a tiré en l'air après que l'équipe ait refusé de remettre le matériel.

Miracles et fortune

L’homme au centre de SCOAN, TB Joshua, était considéré comme l’un des pasteurs les plus influents de l’Histoire africaine. Il est décédé subitement en juin 2021, quelques jours seulement après l’enregistrement de bon nombre des premiers témoignages de ce rapport. Il est vrai que plusieurs témoignages ont émergé sur YouTube (plusieurs jeunes femmes ont commencé à raconter comment le pasteur a pris de force leur virginité) quelques temps avant son décès et beaucoup plus de témoignages après son soudain décès.

Le jour des funérailles de TB Joshua, la ville de Lagos s'est retrouvée paralysée alors que la foule en deuil descendait dans les rues. Environ 50 000 personnes assistaient aux cultes de Josué chaque semaine et l'église est devenue un lieu important pour les visiteurs étrangers au Nigeria.

La Synagogue Église de Toutes les Nations est toujours populaire aujourd'hui, puisqu'elle est dirigée par la veuve de Josué, Evelyn, et une nouvelle équipe de "disciples".

Plusieurs disciples étaient attirés par la philanthropie, mais la plupart venaient à l'église en raison des prétendus miracles de Joshua. Dans des vidéos, des individus témoignent devant la caméra qu'ils ont été guéris de maladies allant du cancer au VIH/SIDA en passant par les migraines chroniques et la cécité après que Josué ait prié pour eux.

Rae, qui avait grandi avec des valeurs chrétiennes conservatrices, dit qu'elle a décidé de se rendre à Lagos après avoir vu les vidéos des témoignages de miracles.

"J'étais gay et je ne voulais pas l'être", dit-elle. "Je me suis dit : 'Eh bien, c'est peut-être la réponse à mes problèmes. Peut-être que cet homme pourra me redresser. S'il priait pour moi, je ne serais plus gay.'"

Une autre Britannique, Anneka, dit qu'elle était également fascinée par les vidéos.

"La pièce entière est devenue complètement silencieuse", dit-elle, décrivant le moment où sa église a découvert les vidéos pour la première fois, alors qu'elle avait 16 ans.

"C'est ce que Jésus aurait fait", se souvient-elle de ce qu'elle a pensé au moment où elle a regardé les vidéos pour la première fois. Elle s'est également rendue au Nigeria.

Ni Rae ni Anneka n'ont payé leurs billets. Comme beaucoup de jeunes qui ont quitté leur pays d’origine pour rencontrer Josué au début des années 2000, elles ont reçu des fonds collectés par des groupes religieux à travers l’Angleterre pour envoyer des pèlerins à Lagos.

Bisola, une nigériane qui a passé 14 ans dans l'enceinte, affirme que courtiser les visiteurs occidentaux était une tactique clé de l'église. "Il a utilisé des Blancs pour promouvoir sa marque", dit-elle.

Des sources estiment que Joshua a collecté des dizaines de milliers de dollars auprès des pèlerins et d'autres sources (collectes de fonds, ventes de vidéos et apparitions dans des stades à l'étranger). Il est sorti de la pauvreté pour devenir l’un des pasteurs les plus riches d’Afrique.

"Il m'a demandé de recruter des vierges"

"TB Joshua m'a demandé de recruter des vierges pour lui… afin qu'il puisse les intégrer au groupe de disciples et prendre leur innocence", a déclaré Bisola à la BBC.

Elle a affirmé avoir collaboré avec l'Église en raison d'un endoctrinement et après avoir reçu des menaces de violence. Bisola affirme avoir été violée à plusieurs reprises par Joshua.

Plusieurs femmes affirment qu’elles n’avaient pas l’âge légal du consentement, qui est de 18 ans à Lagos, lorsqu’elles ont été agressées sexuellement ou violées. Le crime de viol peut entraîner la peine de mort au Nigeria.

Jessica Kaimu, aujourd'hui journaliste en Namibie, raconte qu'elle n'avait que 17 ans et était vierge lorsque Joshua l'a violée dans les toilettes de son appartement, quelques semaines seulement après qu'elle soit devenue son disciple.

"Je criais et il me murmurait à l'oreille que je devais arrêter de me comporter comme un bébé… J'étais tellement traumatisée que je ne pouvais pas pleurer", dit-elle.

Selon Kaimu, cette rencontre s’est répétée d’innombrables fois au cours des cinq années qu’elle a passées en tant que disciple. Son récit est similaire à celui d'autres femmes qui ont parlé à la BBC, ainsi qu'à celui de quatre employés personnels de Joshua chargés d'effacer les preuves matérielles de ses abus. De nombreux détails des témoignages sont trop explicites pour être publiés.

Ils comprennent plusieurs témoignages de femmes qui ont déclaré avoir été déshabillées et violées avec des objets, dont une qui affirme avoir été maltraitée à deux reprises avant ses 15 ans. "C'était tellement douloureux", raconte la femme, qui a demandé que son identité soit préservée.

"Je ne peux pas exprimer avec des mots ce que j'ai vécu. Cela m'a marqué pour le reste de ma vie." Plusieurs personnes affirment avoir été violées et mises enceintes par Joshua ont raconté comment elles ont été soumises à des interruptions de grosses forcées dans les locaux de l'église, dans une zone connue sous le nom de "service médical" ou "clinique".

"Tout s'est fait en secret", raconte Sihle, une ancienne disciple sud-africaine, qui affirme avoir subi trois avortements forcés à l'église. "On vous donnait un mélange à boire et vous commenciez à vomir. Ou ils mettaient des morceaux de métal en vous et extrayaient ce que c'était. Vous ne pouviez pas savoir s'ils vous arrachaient [accidentellement] l'utérus.".

Sihle a pleuré pendant l'entretien, tout comme Jessica, qui dit avoir subi cinq avortements forcés. Bisola affirme avoir été témoin de plusieurs avortements au cours de ses 14 années au sein de l'Église. Selon elle, à plusieurs reprises, elle est montée au dernier étage du complexe et a pleuré, suppliant Dieu de la sauver. Mais les disciples comme hypnotisés et sous emprise, répondaient à tous les besoins de Joshua, selon leurs propres déclarations.

On lui faisait des massages, on l'habillait, on l'aspergeait de parfums lorsqu'il entrait dans les chambres. On lui mettait des gants en plastique pour qu'il puisse manger sans rien toucher. Tout le monde était encouragé à se référer à Joshua comme "Papa". Il n’est pas rare qu’on s’adresse ainsi à des pasteurs nigérians de tradition pentecôtiste, mais les disciples affirment qu’il a insisté sur ce terme.

"Mon esprit semblait perturbé", explique Anneka. "Il n'y avait aucune clarté cognitive... La réalité était complètement déformée", ajoute-t-elle.

"Prison psychologique"

La configuration du complexe accentuait ce sentiment de confusion. "C'était un labyrinthe d'escaliers", explique Rae.

En 2014, une maison de six étages construite pour les invités internationaux du complexe s’est effondrée, tuant au moins 116 personnes. Un rapport ultérieur du gouvernement local a conclu que des défaillances structurelles et un travail de mauvaise qualité étaient à l'origine de l'effondrement. Personne n'a jamais été poursuivi pour cet incident.

Certaines des personnes interrogées par la BBC affirment qu'elles pensent que le nombre de morts était nettement plus élevé que ce qui a été rapporté, selon elles, plusieurs citoyens nigérians qui travaillaient dans la maison d'hôtes n'étaient pas répertoriés comme victimes et des membres de l'église ont caché leurs corps pendant la nuit.

Des sources affirment en outre que Joshua a empêché les services d'urgence de participer aux efforts de sauvetage immédiatement après l'effondrement, par souci pour son image publique. Le contrôle du pasteur sur l'accès des disciples au monde extérieur était également très strict. Il a restreint l'accès aux téléphones et aux comptes de messagerie.

Selon Rae, ce n'est qu'après avoir quitté l'église qu'elle s'est rendue compte de l'existence des courriels de sa famille et de ses amis, mais elle ne les avait jamais reçus. "Il voulait tout contrôler, tout le monde", explique Agomoh Paul, un homme qui était autrefois considéré comme le numéro deux de Josué dans l'église.

"Ce qu'il cherchait vraiment, c'était le contrôle de l'esprit des gens."

Les disciples ont en outre déclaré qu’ils étaient obligés de travailler, sans salaire, pendant de longues heures chaque jour, s’occupant de tous les aspects de la méga-église.

Ils ont tous déclaré que le manque de sommeil était monnaie courante, les lumières étant allumées dans les dortoirs la nuit. Anneka a déclaré qu'ils ne dormaient jamais plus de quatre heures à la fois.

Si quelqu’un était surpris en train de faire une sieste sans autorisation ou enfreignant toute autre règle, il serait puni.

Dix-neuf anciens disciples ont déclaré avoir été témoins d'attaques violentes ou de tortures, perpétrées par Joshua ou sur ses ordres, dans l'enceinte de l'église. D’autres ont décrit avoir été déshabillés et fouettés à l’aide de câbles électriques et d’un fouet pour cheval appelé koboko. Parmi les personnes qui auraient été agressées se trouvaient des mineurs, comme un disciple de seulement 7 ans. 

Le complexe de Lagos avait des murs de près de 4 mètres de haut et des gardes armés. Mais ce qui retenait réellement les disciples captifs, c’était la loyauté fanatique et la peur profondément enracinée du pasteur. "C'était une prison psychologique", résume Rae.

"Il est extrêmement difficile de comprendre comment quelqu'un peut subir des abus psychologiques au point de perdre son esprit critique", ajoute-t-elle.

La BBC a contacté SCOAN en lui présentant les allégations obtenues grâce à l'enquête. L'Église n'a pas répondu, mais elle a nié les allégations précédentes contre TB Joshua.

"Faire des allégations sans fondement contre le prophète TB Joshua n'est pas un phénomène nouveau... Aucune des allégations n'a été étayée", a déclaré l'Église dans un communiqué.

Ont collaboré : Maggie Andresen, Yemisi Adegoke et Ines Ward 

Avec des informations de : Globo1

Source non utilisée mais Reportage plus détaillé disponible sur :  BBC Afrique

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