Alicem est une application pour smartphone développée par le ministère de l'Intérieur et l'Agence nationale des titres sécurisés (ANTS). Selon Bloomberg, elle arriverait dès novembre et permettra aux Français de se connecter aux différents services publics grâce à la reconnaissance faciale.
Si quelqu'un vous parle d'un gouvernement qui veut identifier tous les citoyens grâce à la reconnaissance faciale, vous penserez peut-être d'abord à la Chine. Cependant, il s'agit bel et bien du gouvernement d'Emmanuel Macron qui entend mettre en place ce système pour accéder à des services comme la Caisse d'allocations familiales (CAF) ou les impôts.
Grâce à une application baptisée Alicem, ou Authentification en Ligne CErtifiée sur Mobile, la reconnaissance faciale sera utilisée pour créer une identité numérique sécurisée afin d'accéder aux administrations dématérialisées, et ne proposera aucune alternative. Pour l'heure, seuls les utilisateurs d'appareils Android y auront accès. Le dispositif comparera la photo du passeport biométrique avec une vidéo que les utilisateurs devront créer, sous plusieurs angles et montrant plusieurs expressions.
Un lancement dès le mois de novembre
Le gouvernement tente de rassurer en indiquant que les données de reconnaissance faciale seront utilisées uniquement pour créer une identité numérique, et seront effacées ensuite sans être communiquées à des tiers. Cependant, la Quadrature du Net a déjà lancé un recours devant le Conseil d'État dès le mois de juillet, et la CNIL a émis un avis négatif sur la base du RGPD, notamment en l'absence d'alternative à la reconnaissance faciale, excluant de fait un consentement libre.
Le gouvernement vante la sécurité du dispositif, une déclaration très peu rassurante étant donné qu'il a suffi de 75 minutes pour pirater la messagerie de l’État, plus tôt cette année, ou qu'une simple attaque par phishing a permis de modifier des milliers de déclarations en ligne. L'opposition soulevée n'a pas ralenti le programme. Au contraire, selon Bloomberg, le lancement initialement prévu aux alentours de Noël a été avancé au mois de novembre.
Fabrice Auclert
Le ministère de l’Intérieur s’apprête à déployer Alicem, une solution d’authentification par reconnaissance faciale auprès de différents services publics et privés. La France pourrait ainsi être le premier pays européen à déployer un système d’identité numérique unique… Ce qui soulève de nombreuses questions.
La reconnaissance faciale s’impose dans notre quotidien, essentiellement par le biais de nos téléphones. Après avoir pris le réflexe de glisser son empreinte digitale pour déverrouiller son smartphone, il est désormais commun de tendre son visage pour pouvoir aussi bien accéder à ses données sensibles que payer avec sa carte bancaire. Une simplicité d’usage, bien plus convenable que le rébarbatif duo identifiant-mot de passe. Seulement, le recours à la biométrie va continuer de s’étendre… et pourrait bien faire disparaître toute idée d’anonymat sur internet. C’est en tout cas l’objectif que nourrit le gouvernement français. Dans un rapport publié cet été, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a déploré :
« La liberté, justement, voilà tout le paradoxe d’internet. L’anonymat protège tous ceux qui répandent des contenus haineux et permet à des faux comptes de se multiplier pour propager toutes sortes de contenus. Nous devons donc relever le défi de l’identité numérique pour que chaque Français, dès 2020, puisse prouver son identité et savoir avec qui il correspond vraiment. »
Et voici que la solution pointe : Alicem. Il s’agit d’un nouveau système d’identification basé sur la reconnaissance faciale, qui évoque aux plus angoissés la surveillance généralisée comme dans « Minority Report ».
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Très controversé, le projet du gouvernement obligerait toute personne voulant se doter d'une identité numérique à fournir ses données faciales.
La France va devenir le premier pays européen à proposer à ses citoyens de s'identifier à des services publics grâce à la reconnaissance faciale. Ce programme, qui prend la forme d'une application mobile, est baptisé Alicem (pour Authentification en ligne certifiée sur mobile). Actuellement en phase de test, il sera disponible d’ici le mois de novembre, selon les informations du média américain Bloomberg. Le service a été développé par le ministère de l’Intérieur et l’Agence nationale des titres sécurisés (ANTS).
Comment ça va marcher ?
Selon le ministère, cette solution simplifiera les démarches en ligne: “L'utilisateur n’a plus besoin de mémoriser plusieurs identifiants et plusieurs mots de passe”, vante l’administration sur son site officiel.
Le service est réservé aux personnes détenant un titre avec une puce biométrique: passeport ou titre de séjour. Pour activer l'application et générer son identité numérique, il faudra lui faire lire les informations contenues dans cette puce.
L'utilisateur devra ensuite prouver son identité en enregistrant une rapide vidéo de son visage (avec plusieurs angles et en clignant des yeux). L’application comparera alors le fichier avec les données de la puce. Si tout concorde, l’identité numérique sera générée.
Ce qui pose problème
La Quadrature du Net, une association de défense des droits et libertés sur internet, a déposé en juillet un recours devant le Conseil d’Etat pour faire annuler le décret du 13 mai qui autorise le dispositif. L’association affirme qu'Alicem va à l’encontre du Règlement général sur la protection des données (RGPD) car il oblige toute personne voulant utiliser le service à fournir ses données faciales.
Hors “pour qu’un consentement soit valide, il doit être libre, c’est-à-dire qu’il ne peut pas être contraint”, explique la Quadrature du Net. La CNIL, le gendarme des données personnelles, avait d’ailleurs rendu un avis sur le décret dans la même veine. Mais le gouvernement n’a pas suivi les recommandations et le texte est resté identique.
Quid de la sécurité des données?
Le ministère l’assure, toutes les informations seront stockées uniquement sur le téléphone de l’utilisateur et seuls les services en ligne auxquels il choisit de se connecter y auront accès. Quant à la vidéo fournie pour activer la reconnaissance faciale lors de la création du compte, elle sera “effacée immédiatement après la vérification”.
Mais la capacité de l’Etat à sécuriser les données est remise en cause. Cette année, il a fallu seulement une heure à un hacker pour pirater une application de messagerie “sécurisée” du gouvernement, rappelle Bloomberg.