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Je n’avais jamais rien vécu d’étrange jusqu’à cette intervention dans une zone proche de la frontière argentine. J’étais alors policier, mon coéquipier et moi effectuons des patrouilles vers 22h en ville lorsqu’on nous a sollicité pour nous rendre dans une ferme, près d’un barrage, vers le Fleuve Uruguay (Rio Uruguay).
On nous a signalés qu’un voleur avait été aperçu dans cette ferme. D’habitude dans ces propriétés, lorsque la police est appelée, c’est pour embarquer le voleur car les hommes de main l’ont soit maîtrisé, soit déjà tué.
Nous sommes arrivés au lieu-dit au bout d’une heure. Les propriétaires étant absents, les policiers ont été reçus par un couple de travailleurs qui habitait sur place avec leurs enfants. Après avoir dîné, un des enfants du couple s'est rendu vers le local à poubelles lorsqu’il a vu une mendiante qui fouillait quelque chose par là. La ferme étant isolée et loin de la ville, à cette heure de la nuit, il semblait peu probable qu’une mendiante puisse s’y trouver. Lorsque le père, averti par les enfants s’est rendu sur les lieux, il n’y avait plus personne mais les sacs étaient entièrement retournés. Entre temps, la mère s’est rendu compte que quelqu’un la guettait depuis la fenêtre de la cuisine. Elle a hurlé lorsqu’elle a vu une femme noire aux cheveux longs et grisâtres.
Lorsqu’elle a expliqué ce qu’elle venait de voir, le mari s’est rendu vers la fenêtre, la femme était toujours là. Mais il raconte à la police qu’elle ne ressemblait pas à une mendiante, plutôt à une femme désorientée, car elle avait les yeux très écarquillés, comme étonnée.
Mon coéquipier et moi écrivions les moindres détails dans nos carnets, car il était certain que cette famille était effrayée, tout le monde parlait en même temps, ils étaient assez agités.
Puis, un bruit s’est fait entendre. Un bruit comme si quelqu’un venait d’atterrir sur le toit. Puis nous avons entendu ce qui semblait être des pas sur le toit de la maison. Leur fils de 19 ans, a expliqué qu’il arrive des choses normales dans les fermes (bruits d’animaux, etc) mais cette chose sur le toit ne s’était jamais produite. Le père est allé chercher son arme, lorsqu’il a remarqué que les trois courageux chiens de la ferme se cachaient sous une trappe en gémissant. Un comportement jamais encore observé sur ces chiens entraînés et dressés pour attaquer sans ménagement.
Une ambiance angoissante a commencé à se dégager, cette femme qui marchait sur le toit nous paraissait vraiment bizarre. Mon coéquipier et moi, nous leur avons expliqué que nous ne pouvions rien faire, à part une petite ronde de la propriété et une main courante, car cette femme n’avait pas commis de crime, à part envahir une propriété privée. Fouiller les poubelles n’était pas non plus un crime. La famille semblait mécontente de notre décision. Accompagnés de leur fils, nous avons fait le tour de la propriété mais cette femme semblait avoir disparu. Nous sommes donc rentrés en ville.
Une semaine plus tard, nous avons reçu un appel pour nous rendre à cette même adresse vers le même horaire que la première fois. Nous savions déjà de quoi il s’agissait et où se trouvait cette ferme.
Nous avons été reçus par le fils et le père, tous deux armés. Ils avaient de nouveau vu la femme debout sur le toit. Lorsque le père a tiré en l’air afin de l’effrayer, la femme a tout simplement sauté du toit. Mais elle n’a pas sauté de cette hauteur comme une personne normale, elle semblait extrêmement agile. Le père et son fils ont couru en sa direction, mais elle était déjà à l'autre bout de la propriété, debout leur faisant face. Ils ont alors lâché les chiens sur elle, cette fois les chiens ont foncé, mais la femme a couru vers le fleuve. Sauf qu’elle s'est dirigée vers une zone difficile à franchir, il y avait une forêt dense, ensuite le fleuve et rien d’autre.
Lorsqu’ils se sont approchés de la zone où la femme semblait se réfugier, ils ont trouvé leurs trois chiens démembrés, certaines parties semblaient avoir été déchirées et cela, en ce laps de temps qu’il a fallu pour suivre la femme. Cela ne semblait pas être possible.
Nous avons demandé le renfort d’un autre équipage de la police à la vue de ce massacre. Après une heure de route, deux autres collègues sont arrivés, nous avons décidé tous les quatre de suivre la trace de la femme vers le fleuve Uruguay.
Nous avons dû traverser un terrain boisé, je pensais qu’une fois au niveau du fleuve, nous allions trouver une femme cachée dans un coin, puisque c’est ce que nous cherchions. Un collègue nous disait que cette histoire n’avait pas de sens. Car si cette femme voulait de la nourriture il lui suffisait de frapper normalement à la porte, il y a toujours de la nourriture réservée aux passants dans les fermes et c’est connu. Le comportement de cette femme n’était en rien normal. Lorsqu’il a dit cela, nous avons commencé à nous regarder avec une certaine appréhension. Pourquoi et comment a-t-elle réussi à tuer trois molosses d’une manière atroce et en un temps record ?!
Nous sommes arrivés à l’endroit où les dépouilles des chiens se trouvaient. Les collègues étaient ulcérés par la scène. La personne qui avait fait cela était déchaînée et furieuse ! Les chiens avaient été éviscérés et ils n’avaient plus de peau. C’est une scène que je ne peux oublier. Aussitôt, chacun de nous a saisi son arme, et nous avons marché à la recherche de cette femme.
A quelques mètres de nous, nous entendions finalement des bruits de pas, et nous avons enfin vu la femme. Ce que je vais décrire est surréaliste. Je n’aurais pas cru, pas même raconté par un collègue, si je n’avais pas vu ce que nous avons vu de nos yeux.
La femme nous fixait du regard, nos torches étaient toutes braquées sur elle. Elle fixait en particulier un collègue. Elle était grande, dans les 1m90, elle n’avait aucun vêtement sur elle, sa peau était noire, mais pas noire comme un être humain noir, sa peau était comme du cuir ou du caoutchouc. Sa peau semblait être son propre vêtement. Elle avait un corps extrêmement musclé, des yeux plus grands que ceux d’un être humain, elle n’avait pas de paupières. Ses yeux étaient très écarquillés, ils ne clignaient pas. Elle avait de longs cheveux gris/blancs emmêlés, mais avec peu de volume. Ses mains et ses pieds étaient dotés de griffes. Je jure que ce que j’ai vu, n’était pas un être humain !
Ce n’était pas une femme, c’était une créature. Son apparence globale rappelait celle d’une femme, mais d’une autre espèce, d’une race qui n’est pas la nôtre.
Comme elle fixait encore mon collègue André, j’ai noté qu’il lui parlait avec tout son courage de policier : Qui es-tu ? Que veux-tu à cette famille ? D’où sors-tu ?
Il était bien le seul à pouvoir encore parler.
Lorsqu’elle a cessé de fixer André, elle a sauté de quelque chose comme 8 mètres, puis elle a marché lentement en direction du fleuve.
Nous lui avons alors intimé l'ordre de s’arrêter : STOP Police ! etc…
La créature nous ignorait totalement en poursuivant son chemin vers le fleuve. Elle ne semblait ni inquiète ni apeurée par nous. Après le fleuve c’était l’Argentine, derrière nous la forêt. Sauter de 8m d’accord, mais sauter toute une extension d'un fleuve, nous attendions de voir la scène. Pendant qu’elle avançait, nous discutions de ce que nos yeux voyaient, quelle était cette situation dont nous étions témoins.
André a dit qu’il ne savait pas pourquoi elle avait choisi de le fixer, comme si les trois autres policiers n’existaient pas. La créature a tout simplement disparu devant nous. Nous avons décidé de rentrer, en repassant devant les dépouilles des chiens, nous nous sommes posé la question, qu’avait-elle fait des viscères des animaux ? Les avait-elle consommés ? Était-ce pour cette raison qu’elle était entrée dans la ferme ? Nous ne savions plus quoi penser. Nous avons entendu un bruit, c’était le monsieur de la ferme qui nous avait rejoints. Il nous a confirmé que c’était une voie sans issue, soit la créature revenait vers nous, soit elle devait traverser le fleuve. L’aspect de sa peau semblait compatible avec celle d’une créature marine, comme une peau hydrophobe.
Nous étions à fleur de peau, car nous commencions à assimiler qu'il ne s'agissait décidément pas d'un être humain. Nous sommes retournés vers le fleuve. Nous avons regardé en bas, puis derrière nous vers les arbres, nous avons tout inspecté. Mais rien, pas de créature. Nous avons fini par rentrer définitivement voir le reste de la famille à qui nous avons expliqué que nous avions aperçu la femme, mais qu’elle nous avait échappé, sans trop entrer dans les détails sur sa physionomie.
L’homme a demandé à nous parler à part. Il nous dit que la première fois qu’il a vu la femme sur le toit et qu’il avait tiré, il a vu la femme descendre et filer plus vite qu’une athlète. Il avait commencé à envisager qu’il s’agissait d’un animal ou d’autre chose mais pas d’un être humain. Nous avons essayé de lui dire qu’il se trompait, pour ne pas l’effrayer lui et sa famille. Nous avons tenté de minimiser la situation, tout en sachant pertinemment ce que nous avions vu nous-mêmes. En tant que policiers nous sommes entraînés dans ce sens, garder la paix.
Il était déjà 1h du matin, ils étaient tous effrayés dans la maison, nous ne voulions pas les laisser seuls dans cet état, André et son coéquipier sont repartis en ville, mon coéquipier et moi nous sommes restés avec la famille. Le jeune homme était triste, il accusait le coup pour les trois chiens. Pendant que la mère nous offrait des boissons chaudes, nous leur demandions s’ils avaient vu ou entendu d’autres choses étranges. Une de leurs filles a expliqué que lorsqu’elle avait sorti les poubelles, elle a vu que la créature n’avait pas de chaussures, et qu’elle avait des griffes aux pieds et aux mains. Nous avions vu exactement la même chose, mais là encore nous avons tenté de la conduire vers une autre explication en lui disant qu’il faisait nuit, le local à poubelle était mal éclairé, elle avait certainement mal interprété ce qu’elle avait vu, etc. Le but était de les ramener au calme. Mais l’adolescente a tapé du poing :
- Je sais ce que j’ai vu et j’ai très bien vu ! Elle avait des poubelles entre les mains, elle semblait étonnée de me voir, elle m’a fixé du regard, je l’ai bien vu !
Puis elle s’est tournée vers sa mère et a dit :
- Maman je jure, je sais ce que j’ai vu, ce n’était pas une femme, elle ressemblait à un démon !
Mon coéquipier et moi n’avons plus rien dit. Cela ne servait plus à rien de leur faire croire qu’ils n’avaient pas vu ce qu’ils avaient vu, car nous avions vu la même chose. Vers 2h30, nous avons décidé de partir en leur demandant de nous rappeler si la créature revenait. Sur le chemin du retour, nous étions dans tous nos états, tout en tentant de rester pragmatiques. Cette créature ne semblait pas vouloir toucher à l’être humain, sinon elle aurait pu tuer la petite qui sortait les poubelles la nuit, et même nous, devant le fleuve. Mais elle s’est attaquée aux chiens, retirer la peau et les viscères, cela semble être le comportement des prédateurs de la forêt.
Fouiller les poubelles, emporter des viscères et la peau, on dirait qu’elle avait besoin d’un aliment spécifique. Vu qu’elle semblait être féminine, nous avons envisagé l’existence d’un mâle de cette nature. Biologiquement parlant, chaque individu est issu d’une communauté, d’une famille. Nous avons imaginé qu’elle a peut-être emporté les viscères à ses enfants. Combien sont-ils ? A quelle fréquence s’approche-t-elle des fermes ?
C’était en 2008, la famille n’a plus jamais appelé la police. De notre côté, nous sommes restés attentifs à des possibles témoignages ou récits de quelqu'un qui aurait vu cette créature dans les alentours, mais plus rien n'est remonté jusqu'à nous.