Adorateurs de Saint Jean-Baptiste, les mandéens, également appelés sabéens, forment une communauté ancestrale en Irak. Ballottés par l’histoire moderne du pays, leur nombre a drastiquement diminué.
Un religieux mandéen baptisant une femme sur les bancs du Tigre à Bagdad, le 15 mars 2021. Photo / AHMAD AL-RUBAYE / AFP
“Hanine, 18 ans, semble heureuse. Vêtue d’un habit blanc, elle entre dans les eaux du Tigre, à Bagdad, dans un rituel qui l’aide à atteindre la sérénité”, écrit le site libanais Daraj dans un article consacré aux mandéens, une petite communauté présente en Irak depuis des siècles.
Ses membres pratiquent le mandéisme, un monothéisme qui suit les enseignements de saint Jean-Baptiste, plaçant ainsi le baptême et l’eau au centre du rite. Ils sont d’ailleurs désignés en Irak et dans les pays de la région comme des sabéens, dérivé d’un terme arabe signifiant “baptiste”.
Les sabéens-mandéens ont construit leur civilisation et leur vie près des fleuves et des marais, considérant l’eau comme une source importante de leur foi et de purification de l’homme.”
Sacralité de l’eau
Pratiquant une religion dont les racines remontent à plus de deux mille ans, la communauté mandéenne est peut-être la plus ancienne de Mésopotamie.
Les mandéens se considèrent comme les “seuls descendants légitimes d’Adam”, le premier homme crée par Dieu selon la Bible, explique pour Daraj le chercheur Khodr Majraoui, lui-même issu de la communauté mandéenne.
Selon la tradition, c’est le prophète Sem, fils de Noé et père de tous les peuples sémites, qui a défini les bases de leur religion, mais c’est Jean-Baptiste, considéré comme le dernier prophète, “le premier à faire du baptême un rite purificateur”.
Leur emblème est le darfach – un terme d’origine araméenne qui signifie “bannière” –, représentant deux rameaux d’olivier en forme de croix sur lequel est posé un “tissu blanc en coton brut” qui fait référence à saint Jean-Baptiste. Le livre saint des mandéens est le Ginza Rba, qui signifie “le grand trésor”. “Il est, selon eux, la révélation de Dieu à Adam”, écrit le site libanais.
Émigration
Selon le chercheur Khodr Majraoui, cité par Daraj, on compte “moins de 12 000” sabéens en Irak, alors qu’ils étaient plus de 100 000 il y a vingt ans.
Les crises, les guerres et les conflits ont eu de grandes conséquences pour plusieurs communautés qui ont vu le nombre de leurs membres diminuer.”
Daraj explique que les mandéens sont depuis plusieurs années dans une “situation instable”, particulièrement depuis l’époque du dictateur déchu Saddam Hussein (1937-2006), dont ils étaient des opposants. Au début des années 1990, pour mater une insurrection chiite dans le sud-est du pays, Saddam Hussein “avait ordonné d’assécher les marais du sud” du pays, autour desquels ils étaient installés.
Ceci a poussé les sabéens à “changer de mode de vie et à s’exiler”, notamment à Bagdad et dans le nord de l’Irak, écrit Daraj. Leur émigration s’est poursuivie après la chute de Saddam Hussein [en 2003] “avec la montée en puissance des milices chiites loyales à l’Iran, puis du groupe djihadiste État islamique”.