Parmi les 3008 saisines reçues par la Miviludes en 2020, 182 concernaient la «mouvance protestante évangélique». Un danger qui réside davantage dans la personnalité du pasteur que dans la doctrine de l’Eglise elle-même.
Les 3008 saisines reçues par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) en 2020 concernaient principalement :
- la médecine complémentaire et alternative (412),
- les mouvements syncrétiques (270),
- la psychothérapie et le développement personnel (220),
- la mouvance protestante évangélique (182) ou encore la spiritualité orientale et la mouvance bouddhiste.
16 demandes ont entraîné un signalement aux procureurs de la République, 87 une demande d’intervention, rapporte l’organisme interministériel français dans son rapport sur les années 2018 à 2020 publié le 22 juillet.
Sur les près de 200 saisines concernant ladite «mouvance protestante évangélique» 4 ont donné lieu à des signalements à la justice. Les Eglises problématiques sur le plan de la dérive sectaire sont pour la plupart non affiliées au Conseil national des évangéliques de France (CNEF et «issues du néo-pentecôtisme», souligne la Miviludes. Le danger sectaire résiderait davantage dans la personnalité du pasteur ou de l’équipe dirigeante, le «charisme» ou le «prosélytisme incessant», voire la «tentative d’emprise» que dans la doctrine de l’Eglise elle-même (sauf exception).
Le courant évangélique n’est pas en cause
Dans le chapitre de son rapport «Focus sur les inquiétudes concernant certaines Eglises évangéliques», la Miviludes rappelle en préambule que le courant évangélique n’est pas en cause et que la très grande majorité des Eglises évangéliques ne posent aucun problème mais que des dérives sectaires apparaissent en marge de cette mouvance.
Les témoignages reçus par l’organisme interministériel concernant ces marges du milieu évangélique dénoncent principalement des prédictions financières et de l’escroquerie, mais aussi des abus de de faiblesse, des abus de confiance, des maltraitances, des agressions sexuelles et viol, du travail dissimulé et du blanchimenet d’argent…
La théologie de la prospérité pointée du doigt
Parmi les points d’inquiétude, la Miviludes pointe la théologie de la prospérité, soulignant que seules quelques organisations protestantes évangéliques la professent ouvertement en France. Et de citer, le Centre d’accueil universel, Impact centre chrétien ou Charisma.
La Miviludes rappelle que le CNEF a condamné cette théologie comme une interprétation erronée des écritures. Son usage serait cependant utilisé par d’autres pasteurs, dont certains auto-proclamés, pour gagner des adeptes, précise la Miviludes.
La Miviludes pointe en outre le risque de troubles à l’ordre public à venir au niveau local dû à la une concurrence parfois exacerbée entre les «prosélytes évangéliques et musulmans». Elle établit un parallèle entre les deux cultes : référence à un livre unique, «conversion personnelle» (sic), «vision rétrograde sur la société», discours créationniste», etc.
Santé, bien-être et développement personnel
Parmi les principales tendances générales relevées dans le rapport, la Miviludes précise que la moitié des saisines concernent la santé, le bien-être et le développement personnel. Elle note un engouement des médecines traditionnelles et une hausse des théories New-Age et néo-chamanisme. Les sujets d’inquiétude exprimés dans les saisines concernent en outre le véganisme, le crudivorisme et les stages de jeûnes extrêmes, l’ésotérisme, l’Anthroposophie, la méditation et le Yoga ou l’exorcisme.