Au Portugal, la crise fait s’envoler les vols de nourriture dans les supermarchés
Parmi les clients qui tentent de dérober des marchandises et qui se font attraper par les agents de sécurité figurent de plus en plus des personnes âgées et de jeunes parents, annonce en une cette semaine “Expresso”. “Ce sont des vols pour manger”, alerte l’Association des entreprises de distribution, qui évoque le “premier symptôme d’une grave crise sociale”.
Difficile de trouver symbole plus cinglant. Dans certaines grandes surfaces du Portugal, aujourd’hui, des boîtes de thon, des bouteilles d’huile d’olive, mais aussi de la morue, du saumon ou du poulpe congelés sont en vente… avec un antivol. Car “la crise fait grimper les vols de nourriture dans les supermarchés”, annonce en une de son édition du vendredi 21 octobre l’hebdomadaire Expresso.
Os furtos de alimentos estão a disparar nos supermercados. A razão? A fome. As grandes superfícies começaram a colocar alarmes em produtos alimentares básicos, como latas de atum ou garrafas de azeite.
— Expresso (@expresso) October 21, 2022
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“C’est un phénomène qui est effectivement en hausse, notamment dans les grands centres urbains de Lisbonne et de Porto”, confirme dans les colonnes de l’hebdomadaire Gonçalo Lobo Xavier, le président de l’Association portugaise des entreprises de distribution (Aped). Les produits alimentaires de base, comme le pain, le café ou les pommes de terre, sont parmi les plus volés. Et ce dernier de souligner :
“Il ne fait aucun doute qu’il s’agit de vols pour manger. C’est le premier symptôme d’une grave crise sociale.”
Si les agents de sécurité interrogés dans l’article assurent qu’ils ne dénoncent pas de nombreux vols de nourriture à la police, celle-ci précise toutefois que 452 vols dans les supermarchés et hypermarchés lui ont été signalés lors du premier semestre. Si le rythme devait se poursuivre, le volume des incidents serait supérieur, en fin d’année, d’au moins 40 % à celui de l’an passé.
Le panier moyen en hausse de 17 % depuis février
“Au cours des deux ou trois derniers mois, nous avons constaté une augmentation très importante des vols d’aliments commis par des personnes qui ne peuvent plus survivre avec leur salaire ou leur retraite”, constate auprès du journal Cláudio Ferreira, le président de l’Association de la surveillance et de la sécurité privée, qui ajoute :
“Les gens sont désespérés et cachent des briques de lait ou des boîtes de thon dans leur sac ou leur veste pour les manger ou les donner à leurs enfants.”
Le prix d’un panier de courses moyen, composé de 63 produits essentiels, calculé par l’association de défense des consommateurs Deco Proteste, a atteint cette semaine la valeur la plus élevée de l’année. Il coûte désormais 214,30 euros, soit 30,67 euros de plus qu’en février, avant que la guerre n’éclate en Ukraine, ce qui représente une augmentation de 17 %.
Une inflation galopante qui affecte désormais les classes moyennes. Expresso rappelle par ailleurs qu’au Portugal 1,9 million de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 554 euros par mois.
Courrier International