Quelques semaines plus tôt en Argentine, une ex playmate devenue présentatrice télé a été retrouvée morte dans des circonstances peu claires, alors qu'elle commençait à porter plainte contre des types du show biz, et avait dénoncé un an plus tôt l'existence d'un réseau pédocriminel international.
Fin février, on apprenait qu’une certaine Natacha Jaitt, 41 ans, une people présentatrice de télé et ex modèle de Play Boy, avait été retrouvée morte dans des circonstances qui interrogent sa famille, au cours d’une soirée de travail avec quelques personnes, afin de préparer un événement. Elle avait été retrouvée nue et inconsciente, dans la nuit, alors que seulement cinq autres personnes étaient autour d’elle. Certaines autres avaient pris soin de quitter les lieux avant l’arrivée de la police, notamment une jeune prostituée de 19 ans.
Il y a des témoins qui mentent, comme Gonzalo Rigoni, propriétaire des lieux où a eu lieu le décès, qui a dit ne pas connaître Natacha Jaitt jusqu’au jour où plusieurs enregistrements de conversations entre eux ont été diffusés.
Un autre témoin censé ne pas la connaître, le propriétaire des lieux où s’est déroulée la soirée Gonzalo Rigoni, a déclaré que Natacha Jaitt "était complètement droguée", et "visiblement sous les effets de la cocaïne", qu’elle aurait pris en quantité selon certains témoins.
Cependant, selon ses proches elle ne prenait plus de drogue depuis un moment en raison notamment d’un traitement médical. C’est en tout cas après avoir passé un long moment avec Rigoni que Natacha Jaitt a été retrouvée morte.
Un autre témoin présent, l’organisateur d’évènementiel Raúl Jesús Velaztiqui Duarte avec lequel elle s’était rendue sur place, a même été mis en prison pour avoir menti au sujet de la nuit de la mort de Natacha Jaitt. Il est ressorti tout en restant officiellement suspect, et depuis il se plaint d’avoir été trainé dans la boue, et même "traité de pédophile".
L’autopsie dit qu’elle avait été victime d’une hémorragie interne aux trompes utérines et d’une insuffisance respiratoire, mais n’aurait pas permis de dire s’il y a eu intoxication. La famille, qui est convaincue que Natacha Jaitt a été empoisonnée au cours de cette soirée, a donc sollicité auprès du procureur l’exhumation du corps afin de procéder à des analyses.
Les proches de Natacha signalent que depuis sa mort, des mots de passe de ses appareils (téléphone, tablette…) ont été changés, et que des mouvements ont été observés .
Peu avant son décès, Natacha Jaitt avait porté plainte contre des types pour viols[3]. Le 21 février, elle avait déclaré à la sortie d’une audience : "S’ils restent en liberté, je les tue".
En mars 2018, elle avait dénoncé des abus sexuels contre les mineurs entraînés par un club de football, l’Independiante. Elle a expliqué qu’elle avait déjà dénoncé les abus dans un autre club en 1990, sur des enfants pauvres qui étaient en pension soi-disant pour apprendre le foot, et qui étaient la cible de plusieurs pédophiles qui dirigeaient le club ou entrainaient les enfants.
Depuis 2012, plusieurs clubs de foot argentins sont dans la ligne de mire de la justice pour des violences sexuelles contre les enfants, le tout dans la plus parfaite impunité durant des années.
Elle avait aussi évoqué un réseau, parlant à l’occasion d’une émission télé de journalistes, de politiciens, de religieuses, d’acteurs, d’entrepreneurs, de people de téléréalité, de producteurs et présentateurs de télévision qui participaient.
Elle avait cité plusieurs personnes, comme le député Gustavo Vera[4], les journalistes Jorge Lanata, Carlos Pagni et Juan Cruz Sanz (qui apparaît nu et prenant de la cocaïne sur une vidé), ou encore le communicant Leonardo Cohen Arazi, qui a fait un tour en prison en préventive pour abus sexuels sur des mineurs prostitués dans le cadre du réseau du club de l’Independiente, et qui déclare aujourd’hui avoir "beaucoup de choses à dire et beaucoup de vérités à éclairer".
Selon Jaitt, Cohen Arazi n’était pas du tout "communicant" ni dans les "relations publiques", et a démarré comme portier dans une boîte, commençant à rabattre des gamins qui cherchaient du boulot. Elle a expliqué durant ce "dîner" assez incroyable que Cohen Arazi était un peu l’un des proxénètes en chef, et qu'il payait des gamins de 200 à 1000 pesos (5 à 22 euros) suivant les "prestations". Et Jaitt a ajouté qu'au passage il transmet aussi le HIV à ses victimes.
Après ces déclarations, Natacha Jaitt a écrit plusieurs fois sur les réseaux sociaux qu’elle se sentait menacée.
Derrière cette bande de pédophiles centrée sur un club de foot, il y avait selon elle de la prostitution de mineurs. Cohen Arazi, par exemple utilisait notamment des émissions de téléréalité afin de recruter de la chair fraiche, qui passait à l’antenne sans avoir à passer le casting contre des services sexuels. Le réseau impliquait des people de la « farandula », la Jet Set locale, jeunes et moins jeunes. Par ailleurs, diverses personnalités du milieu savent ce qu’il se passe et ne disent rien, a aussi déclaré Jaitt.
Dans cette même émission, Jaitt a dit qu’elle avait été payée par un type probablement lié à une agence de renseignement d’espionner des personnalités puissantes en Argentine.
Parmi les types qu’elle a cités comme cibles de cet espionnage au cours de ce grand moment de télévision, le député Vera est assez intéressant. Il passe pour un type de gauche, tout en fréquentant la "farandula" et en étant notoirement ami avec Bergoglio, alias le pape François. Jaitt a dit qu’elle a espionné Vera pendant environ un an, ce qui lui aurait permis de comprendre qu’il tirait les ficelles d’un vaste réseau pédophile, et qu’il était lui-même pédophile.
Au sujet de Vera, ami d’une invitée de l’émission, Jaitt a lancé : "Savez-vous qu’il est un pédophile ? Qu’il est un trafiquant ? Savez-vous qu’il récupère des bordels qui ont été fermés et qu’il les garde illégalement pour lui ?", et dit qu’elle avait en main des enregistrements de prostituées qui évoquaient tout cela.
Gustavo Vera est accessoirement il directeur de la Fondation La Alameda, qui lutte contre la traite des êtres humains, l’esclavage, l’exploitation des enfants, la prostitution et le narcotrafic [5]. C’est par ce biais qu’il parvient à récupérer l’exploitation clandestine de bordels. C’est aussi par biais qu’il a rencontré Bergoglio à l’époque où il était "prêtre des rues" [6]. L’invitée amie de Vera a rétorqué à Jaitt que Vera "dénonce" justement l’exploitation sexuelle, ce à quoi Jaitt lui a répondu qu’ "il dénonce cela pour pouvoir le faire lui-même". Un cas assez fréquent…
Natacha Jaitt a précisé qu’elle avait transmis toutes les infos et tous les éléments de preuve concernant Vera à la justice et au sénat. Des victimes de ce réseau auraient également témoigné auprès des enquêteurs.
Un mois avant sa mort elle avait d’ailleurs été entendue comme témoin dans l’enquête sur l’affaire du club pédophile.